Forteresse moyenâgeuse qui fut une sentinelle sur la frontière entre le royaume de France et le duché d’Aquitaine (possession anglaise) et qui de ce fait a connu une vie assez mouvementée avec la guerre de Cent Ans, puis avec les guerres de religions qui ont ensanglanté le pays. Hélas, après une période de calme et à l’approche de la secousse révolutionnaire, Miremont subira les affres du dépeçage (mobilier, tuiles, pierres de taille) organisé par ses propriétaires. Vandalisme et outrage du temps feront le reste. En ruines, mais dégageant toujours une impression de puissance et de grandeur, Miremont s’est endormi. Il mérite beaucoup mieux et nous voulons le faire revivre.
Sur le territoire de la commune de Chalvignac (15), s’élèvent les vestiges du château de Miremont. On ne sait presque rien du premier édifice, à part le nom de son propriétaire : Aymar de Miremont aux environ de 1075. Un deuxième édifice lui a succédé en fin XIII ou début XIV ° siècle, pour répondre aux conditions politiques du moment. C’était le début de la guerre de Cent Ans et la région s’est retrouvée terre frontalière entre le royaume de France et le duché d’Aquitaine tenu par les Anglais. Il fallait un poste essentiellement défensif, mais aussi d’observation. Bâti sur un promontoire rocheux dominant la vallée de La Dordogne et le Limousin, capable de contenir jusqu’à deux cent soldats, Miremont se présentait comme une forteresse militaire avec deux ceintures fortifiées avec fossés, remparts et pont-levis, enserrant une grande basse-cour où se trouvent le logis fortifié et les dépendances. Le logis, dans l’angle Nord, est constitué de trois ou quatre tours reliées par des courtines et ouvrant sur une cour intérieure fortifiée reliant le logis à un gros donjon qui commandait la porte d’accès Nord.
Le château a connu quatre grandes familles seigneuriales :
Les premiers furent les Miremont sur la période <1075 – 1347. La famille semble aussi posséder la ville de Mauriac, ce qui fait que la famille Miremont s’appelait indifféremment Miremont ou Mauriac. De caractère sûrement assez agressif, Aymar de Miremont multipliait les querelles d’abord avec son frère pour des raisons de successions, mais aussi avec le monastère de Mauriac, ne supportant pas de devoir rendre hommage au doyen du monastère pour ses terres en grande partie sur le domaine du monastère. Le plus célèbre épisode fut la capture du l’abbé Arnaud (supérieur de l’abbaye St Pierre le Vif de Sens, qui venait installer un nouveau doyen) en 1105. L’évêque de Clermont dut intervenir de manière musclée pour le faire céder.
En 1347, faute de descendance mâle, Marthe de Miremont hérita du domaine et le transféra à son mari Helie de Saint-Exupéry.
Rapportons ici l’épopée de Marguerite de St Nectaire, femme de Guy II de St Exupery de Miremont. Celle-ci fut veuve assez jeune car Guy mourut en 1568 et dut donc s’occuper directement de Miremont en attendant la majorité de ses enfants. Elle se distingua particulièrement par son courage et sa témérité lors des guerres de religion. Elle tint tête avec une petite troupe protestante à une armée de la Ligue menée par de Montal et le tua. « Ventre St-Gris ! s’écria Henri de Navarre, si je n’étais pas roi, je voudrais être Madeleine de St Nectaire ! «
Les Bourbon-Malauze (1576-1747) et les Simiane (1747-1792) suivirent. Le château n’était déjà plus habité en 1770, les Simiane vendirent peu à peu le mobilier, puis les tuiles, puis les pierres de taille. Le vandalisme fit le reste. La Révolution lui sera fatale, le château est saisi, puis vendu aux enchères. Plusieurs propriétaires se succéderont ensuite jusqu’à ce que la famille Lapeyre en fasse don à la commune de Chalvignac en 2003.
Aujourd’hui, il ne reste que quelques pans de mur et deux tours ruinées. Mais le rôle joué dans l’Histoire régionale par cette forteresse, nous invite à sauver ce qui peut l’être et à faire revivre cette imposante et majestueuse bâtisse.